Élément clé 3 : Fonder les décisions sur des données probantes

L’approche axée sur la santé de la population s’appuie sur des données probantes pour évaluer la santé, cerner les priorités et élaborer des stratégies visant à améliorer la santé.

Qu’est-ce que la prise de décision fondée sur des données probantes ?

Un processus décisionnel fondé sur des données probantes consiste à soumettre une approche où un ensemble d’informations à un vaste examen critique. Cela signifie que toutes les décisions doivent s’appuyer sur les meilleures preuves et les raisonnements les plus justes qui soient. Les données probantes, soutenues par un raisonnement solide et les principes qui sous-tendent les évaluations, répondent à la question « Pourquoi cette décision ? ».

Questions principales

  • Quelles données probantes seront utilisées ?
  • Quelles interventions soutenues par les données probantes conviennent à la fois au contexte et aux problèmes de la santé ciblés ?
  • Qui atteindra-t-on par la stratégie d’échange du savoir et comment ?

A) Quelles données probantes seront utilisées ?

Il existe des divergences d’opinions sur ce que sont l’efficacité et les données probantes. Les politiciens, les économistes, les gestionnaires de budget, la population ciblée, les chercheurs universitaires et les praticiens sont souvent en désaccord sur la manière de définir l’efficacité. Ces points de vue variés se répercutent sur le vaste éventail de méthodes et de mesures utilisées pour établir l’efficacité.

On peut employer des essais de contrôle aléatoires, des examens systématiques ou des évaluations simples pour fournir des données probantes de l’efficacité d’une intervention, selon la définition donnée à l’« efficacité ». Tenue par certains comme le « critère et la preuve par excellence » de l’efficacité de la promotion de la santé, l’analyse de la rentabilité est rarement faite. Il y a cependant de plus en plus de rapports de synthèse accessibles (comme le rapport « The Evidence of Health Promotion Effectiveness » de l’Union internationale de promotion de la santé et d’éducation pour la santé) qui montrent que les investissements dans la santé rapportent et sont tout à fait à propos sur le plan de la santé et des aspects sociaux, économiques et politiques.

L’élaboration de mesures toujours plus fiables et valides des résultats des interventions en santé et l’amélioration de la qualité et de la portée des données probantes pour éclairer les décisions constituent des défis continuels.

B) Quelles interventions soutenues par les données probantes conviennent à la fois au contexte et aux problèmes de la santé ciblés ?

Un certain nombre de collections d’interventions sont recommandées, selon les méthodes d’examen. La banque de données sur les interventions du Portail canadien des pratiques exemplaires est une source qui comprend les interventions de nombreuses autres collections.

Ressources qui permettent de mieux comprendre :

Que sont les approches et les interventions fondées sur les données probantes ?

C) Qui atteindra-t-on par la stratégie d’échange du savoir et comment?

La stratégie d’échange du savoir permet de faire le suivi des données probantes et de leurs implications, et d’en rendre compte aux responsables des politiques, aux professionnels de la santé et au public afin que ceux-ci prennent des décisions éclairées. Pour être efficace, la stratégie doit viser les intervenants qui ont besoin de ces informations et cerner le moment où elles sont requises et ce qui les rend importantes. Ces informations permettent de prendre de bonnes décisions sur la manière de faire intervenir les responsables des politiques.

Comment arrivera-t-on à une prise de décision fondée sur des données probantes ?

3.1 Utiliser les meilleures données probantes disponibles à toutes les étapes de l’élaboration des politiques et des programmes

Pour s’assurer qu’on utilise les meilleures données probantes disponibles, il faut :

  1. tenir compte de tous les types de données probantes, officielles ou non, quantitatives et qualitatives;
  2. faire appel à l’expertise des analystes, des responsables des politiques, des organisations communautaires et d’autres intervenants qui recueillent des données ou font de la recherche;
  3. employer des données probantes valides;
  4. tenir compte des meilleures données probantes disponibles à toutes les étapes du processus décisionnel;
  5. choisir les données de manière systématique et transparente, afin d’éviter les prises de position. Selon l’approche axée sur la santé de la population, il faut expliquer clairement ses raisons d’inclure ou d’exclure des données probantes précises dans le processus décisionnel.

3.2 Expliquer les critères d’inclusion ou d’exclusion des données probantes

Il faut reconnaître les limites des données. Par exemple, les données sur les résultats peuvent être incomplètes parce que, bien souvent, il faut dix ans ou plus pour constater les retombées de certains investissements dans la promotion de la santé et la prévention des maladies. On doit se fier à la logique et au bon sens pour élaborer les politiques et les programmes, mais, parfois, il faut admettre que les données sont insuffisantes et que les recommandations risquent de ne pas avoir l’effet désiré. Dans ces cas, il faut éviter la tentation de prendre des décisions d’après les données probantes les plus faciles à obtenir.

3.3 S’appuyer sur des sources de données variées

L’approche axée sur la santé de la population s’appuie sur tout l’éventail de catégories de données, tant qualitatives que quantitatives.

Les catégories de données comprennent :

  • les données environnementales;
  • les données sur le style de la vie;
  • les statistiques de l’état civil;
  • les données sociales et économiques;
  • les données épidémiologiques;
  • les données des systèmes de la santé;
  • les données sur les consommateurs;
  • les données démographiques.

L’approche axée sur la santé de la population fait aussi appel à différentes sources de données, dont :

  • les recensements;
  • les enregistrements de l’état civil;
  • les systèmes de réglementation ou de quasi-réglementation.

L’approche axée sur la santé de la population soutient les recherches qui se penchent sur l’ensemble des problèmes qui affectent la santé et le bien-être.

Données probantes qui éclairent la prise de décisions :

Quelles données sont disponibles concernant les approches de promotion de la santé fondées sur les données probantes ?

3.4 Produire des données à partir de méthodes de recherche combinées

Lorsqu’on manque de données probantes, il peut être nécessaire de passer par d’autres approches pour expliquer l’utilisation des ressources pour la santé de la population. Ces approches peuvent inclure des opinions d’expert, des programmes pilotes avec des évaluations à mi-parcours et des évaluations axées sur les risques.

Parmi les méthodes qui visent précisément à produire des données probantes figurent :

  • les méta-analyses;
  • les études pilotes sur des échantillons aléatoires;
  • les études des cas;
  • l’analyse des risques et des avantages;
  • les enquêtes;
  • les sondages auprès de la population;
  • l’élaboration de modèles de la prévision;
  • les méthodes économiques, comme les analyses de la rentabilité ou des valeurs.

3.5 Dégager les interventions efficaces et les évaluer

Il y a de nombreux recensements des interventions efficaces sur Internet. Il faut s’assurer que les critères d’efficacité utilisés dans le recensement correspondent aux normes de la planification en cours.

On peut placer en ordre de priorité les interventions possibles, à l’aide du processus décisionnel présenté sous l’élément clé 1 et de la connaissance qu’on a acquise des problèmes de la santé, du contexte et des déterminants aux éléments clés 1 et 2.

Données probantes qui éclairent la prise de décision :

Quelles sources d’interventions fondées sur les données probantes sont disponibles ?

Ressources qui contribuent à rehausser la capacité :

Quels cadres ou guides décisionnels peuvent faciliter le choix des interventions à soutenir ou à mettre en œuvre ?

3.6 Diffuser l’information et en accroître l’accessibilité

Comme pour toute activité de communication, il est important de cerner et de comprendre le public ciblé, les buts, les moyens de les atteindre et les messages clés avant d’élaborer, de tester et, enfin, de diffuser l’information. Il est essentiel d’intégrer des possibilités de rétroaction et d’amélioration de la stratégie.

Les décideurs importants qu’il faut faire participer sont :

  • les ministères chargés de la santé et des services sociaux, qui constituent des collaborateurs possibles;
  • les organismes chargés de l’élaboration des politiques qui mènent des recherches similaires, qui ont des réseaux de communication établis avec les décideurs;
  • les organisations internationales, qui ajoutent de la crédibilité et du prestige;
  • les organisations professionnelles (surtout dans le domaine de la santé), qui permettent d’atteindre de nouveaux publics;
  • le grand public, qui peut agir en tant que défenseur des décideurs;
  • les organisations communautaires, qui peuvent offrir un soutien dans les communautés et contribuer à la diffusion de l’information;
  • le milieu des affaires, qui se préoccupe des grands problèmes sociaux et économiques;
  • les autorités sanitaires et les fournisseurs de soins de la santé régionaux, qui assurent la prestation de soins de la santé et peuvent cerner les cibles pertinentes en fait d’information et de la prestation des services.

Différentes méthodes permettraient de répondre aux besoins d’information des décideurs, selon le moment ou la nature du besoin, notamment :

  • un bon usage des sites Web;
  • l’intégration d’une stratégie du transfert des résultats de la recherche à tous les projets;
  • l’établissement des relations et des partenariats officiels avec les décideurs et les responsables des politiques;
  • le recours à des spécialistes du transfert des résultats de la recherche;
  • le parrainage d’études sur le partage des résultats de la recherche.

Ressources qui contribuent à rehausser la capacité :

Quels cadres ou guides décisionnels peuvent faciliter l’élaboration d’une stratégie efficace du transfert des connaissances ?

Qu’a-t-on en main à la fin de l’élément clé 3 ?

  1. Un énoncé des principes en rapport avec les données probantes acceptées et requises dans le processus décisionnel.
  2. Une liste des interventions possibles.
  3. Une stratégie du partage du savoir approuvée.

Comment cet élément clé est-il lié aux autres éléments clés ?

  1. Il permet de dégager une multitude de moyens d’action (éléments clés 1 et 2).
  2. Il ajoute des informations nouvelles grâce à la collecte de données probantes supplémentaires (éléments clés 1 et 2).

Pourquoi cet élément clé est-il important ?

  1. Il fournit une mesure de la responsabilité, ce qui est très important dans un contexte où les décisions doivent de plus en plus s’appuyer sur des données probantes.
  2. Il peut rendre caduques des manières acceptées d’évaluer et d’intervenir, et les remplacer par de nouvelles manières plus efficaces, plus précises, plus bénéfiques et plus sûres.
  3. Il soutient l’élaboration de modèles et d’outils nouveaux, comme des lignes directrices assorties de « pratiques exemplaires », qui aident à jeter régulièrement un œil critique sur les données.

Exemples de mise en Å“uvre :

Y a-t-il un groupe, une organisation ou un gouvernement qui a adopté des approches et des interventions fondées sur des données probantes ?