Élément clé 1 : Mettre l’àccent sur la santé de la population

L’approche axée sur la santé de la population permet d’évaluer l’état de la santé des populations et les inégalités de cet état de la santé tout au long de la vie de la population. Elle examine aussi ces informations dans des contextes plus vastes.

Que veut dire « mettre l’accent sur la santé de la population » ?

Cela veut dire qu’on recueille et analyse des données sur la santé des populations pour planifier, mettre en œuvre et évaluer les programmes et les services.

Les données sur l’état de la santé des populations mettent en évidence les nouveaux problèmes de la santé et aussi ceux de la longue durée, et aident à établir l’ordre des priorités. Elles répondent aux questions suivantes :

  • Quel est l’état de la santé de la population et comment change-t-il au fil du temps?
  • Qui est en bonne santé et qui ne l’est pas?
  • Que pouvons-nous apprendre des tendances de l’état de la santé qui nous aide à préparer l’avenir?

L’approche axée sur la santé de la population examine de l’état de la santé des populations et les inégalités à cet égard, à l’échelle de la population ainsi que des groupes qui la composent. Ces groupes peuvent être définis en fonction de la géographie, de l’âge, de la culture et d’autres aspects. Cette approche évalue l’état de la santé au fil du temps, dans différentes régions, et pour différents aspects de la santé. Elle étudie non seulement les maladies et les blessures, mais également les éléments positifs de la santé, comme la forme physique de la population.

Cette approche consiste à établir et à étudier des indicateurs de la santé. Ceux-ci reposent sur des définitions et des méthodes normalisées pour qu’on puisse les comparer d’une région et d’un groupe à l’autre. On obtient ainsi des renseignements sur le contexte dans lequel évolue la population, ce qui soutient le processus décisionnel.

Ressources pour rehausser notre:

Quels sont les différents types d’indicateurs de la santé des populations?

Questions principales

  • Quels sont les grands problèmes en matière de la santé?
  • Quels sont les facteurs contextuels clés dont il faut tenir compte?

A) Quels sont les grands problémes en matière de la santé?

Les problèmes prioritaires de la santé sont choisis en fonction des indicateurs. Les indicateurs les plus courants de l’état de la santé sont la mortalité et, dans une moindre mesure, la morbidité.

Les indicateurs de la mortalité utilisés couramment comprennent :

  • la mortalité infantile;
  • l’espérance de la vie;
  • les décès causés par le cancer;
  • le taux du suicide;
  • la mort par blessure accidentelle;
  • les décès causés par le SIDA.

Ces indicateurs sont importants, mais ils ne donnent qu’une idée incomplète de l’état de la santé des populations. Pour la compléter, il faut pouvoir s’appuyer aussi sur les mesures de la morbidité, de la diminution de la qualité de la vie et des éléments positifs de la santé.

La nouvelle génération d’indicateurs dits « indicateurs globaux de la santé » repose sur le couplage des données sur la mortalité, la perte d’autonomie et la qualité de la vie afin qu’on puisse comparer des sujets très différents de manière cohérente. Elle permet aussi de comparer les différentes stratégies et de mieux comprendre comment les divers facteurs interagissent pour améliorer ou détériorer la santé.

Parmi les « indicateurs globaux de la santé », mentionnons :

  • la longévité pondérée par l’invalidité (« DALY »);
  • l’espérance de la vie pondérée par la qualité de l’existence (« HALE »);
  • la longévité pondérée par la qualité de la vie (« QALY »).

Ces indicateurs globaux de la santé dressent un portrait plus complet de l’état de la santé des populations. Les informations que fournissent ces indicateurs servent à cerner les problèmes prioritaires de la santé.

Les critères à considérer dans la décision finale devraient inclure :

  • l’ampleur du problème (Quel est l’effet de ce problème sur la santé des Canadiens ? Quel est le fardeau actuel ou anticipé de ce problème sur la santé et l’économie ?)
  • l’état de l’intervention actuelle (Que fait-on à l’heure actuelle ? Est-elle efficace ? Que doit-on faire de plus ?)
  • la possibilité d’entraîner un changement (Les résultats sur la santé peuvent-ils être modifiés ? Quel est l’effet possible ? A-t-on la possibilité de s’attaquer à plusieurs problèmes de la santé à la fois ? Est-il possible que l’investissement soit nuisible ? Y a-t-il des interventions possibles appuyées par des données probantes ? Est-ce réalisable sur les plans technique, financier et politique ? Les principaux intervenants sont-ils prêts à agir ? Les Canadiens sont-ils prêts à accepter le changement ? L’intervention peut-elle entraîner des bénéfices autres que ceux prévus sur la santé ?)
  • le bien-fondé de l’intervention (L’intervention cadre-t-elle bien avec le mandat ou le rôle de l’organisation ? Un effet de levier (c.-à-d. les situations dans lesquels l’action aura des effets plus importants qu’en temps normal) est-il envisageable ? Quelle est l’ampleur de la valeur ajoutée ? La mise en Å“uvre peut-elle se faire sans complication ? A-t-on le soutien du public ?)
  • la rentabilité (Quelle est l’amélioration de la santé possible par rapport à l’investissement ?)

B) Quels sont les facteurs contextuels clés dont il faut tenir compte?

Les populations évoluent dans des contextes qui influencent leur santé et agissent sur l’efficacité des approches adoptées pour améliorer la santé. Parmi les catégories des facteurs contextuels on trouve :

  • les facteurs démographiques, comme le nombre, la distribution, la diversité, le sexe, l’âge;
  • les facteurs politiques, comme les idéologies politiques, la volonté politique, les processus d’élaboration des politiques, les programmes et les priorités politiques, le lobbying des groupes d’intérêt, l’approche participative en matière politique; les questions liées aux compétences fédérales-provinciales;
  • les facteurs socioéconomiques, comme la croissance économique, les politiques financières et la cohésion sociale;
  • les facteurs physiques, comme les milieux naturels et les milieux construits;
  • les conditions dans le secteur de la santé, comme le niveau actuel de satisfaction du consommateur envers le système de la santé, le rythme auquel le système de la santé évolue ou se réforme et les temps d’attente;
  • les facteurs culturels, comme les valeurs, les croyances, les préférences et les traditions.

Comment met-on l’accent sur la santé de la population ?

1.1 Choisir les indicateurs pour mesurer l’état de la santé

Le choix des indicateurs à mesurer est une décision importante. Ceux-ci doivent répondre aux préoccupations initiales, et s’appliquer aux populations ciblées et au contexte de l’intervention. Il faut aussi tenir compte des aspects pratiques comme l’accès à des données actuelles et locales de la bonne qualité.

On peut procéder au choix des indicateurs de deux manières. Selon la première méthode, les intervenants principaux produisent des listes de ce qu’ils veulent savoir; selon la deuxième, ils consultent une liste exhaustive d’indicateurs et choisissent ceux qu’ils considèrent les plus pertinents. Dans la pratique, les deux méthodes se complètent l’une l’autre.

1.2 Mesurer et analyser l’état de la santé pour cerner les inégalités et établir les priorités

Au Canada, on mesure un vaste éventail d’indicateurs liés à l’état de la santé de la population, aux échelles nationale, provinciale, régionale et locale. Ces données sont souvent analysées en fonction de régions précises ou de sous-groupes de la population. Dans certains cas, il est nécessaire de procéder à de nouvelles études pour répondre à des questions précises sur l’état de la santé du groupe ciblé. Si les renseignements détaillés ne sont pas encore disponibles ou s’il est impossible d’en recueillir, les données de gestion et d’administration de la santé fournissent au moins des informations de surveillance utiles qui mettent en lumière les problèmes de la santé des communautés. On peut établir les priorités une fois toutes les données disponibles analysées.

Données probantes qui éclairent le processus de la décision :

Quelles sources de données sur la santé de la population peuvent éclairer les décisions sur les personnes, les problèmes ou les facteurs de risque sur lesquels il faut mettre l’accent ?

1.3 Évaluer l’environnement, les conditions et les circonstances

On peut avoir accès aux informations sur les facteurs contextuels qui affectent la santé dans les banques de données existantes, les études de cas, les ethnographies, la documentation publiée ou grise, etc. Ces informations peuvent provenir d’un éventail des sources, comme les services de planification du secteur bénévole et public, les bibliothèques, les firmes de sondage et les entreprises du secteur privé. On peut aussi recueillir de nouvelles informations par des entrevues, des consultations avec les intervenants principaux et d’autres activités structurées.

Une fois recueillies, les informations de cette nature peuvent être organisées et présentées de différentes manières selon les besoins de la planification. On peut prévoir une analyse « PEEST » (une évaluation des facteurs politiques, environnementaux, économiques, sociaux et technologiques) sous forme d’examen FFPM (forces et faiblesses internes, et possibilités et menaces externes) ou analyse des forces en jeu, où chacun des facteurs cernés dans l’analyse PEEST est illustré visuellement comme une force aidante ou nuisible.

Ressources qui contribuent à rehausser la capacité :

Quels cadres ou guides décisionnels peuvent faciliter l’intégration des indicateurs dans le processus décisionnel sur les personnes et les facteurs de risque à cibler ?

Qu’a-t-on en main à la fin de l’élément clé 1 ?

  1. Des dossiers de la santé prioritaires clairement définis.
  2. Une évaluation des divers facteurs qui peuvent influencer l’intervention, possiblement représentés sous forme d’analyse FFPM ou « PEEST ».

Comment cet élément clé est-il lié aux autres éléments ?

  • Il montre comment l’état de la santé interagit avec les déterminants de la santé (élément clé 2).
  • Il fournit un vaste éventail de données et de renseignements pour éclairer les décisions sur les types d’initiatives dans lesquelles il faut investir (éléments clés 3.5, 4 et 5).
  • Il permet de cerner les besoins de recherches plus poussées (élément clé 3).
  • Il jette les bases d’un cadre de responsabilisation (élément clé 8).

Pourquoi cet élément clé est-il important ?

  • Il ouvre la voie à la sélection rationnelle des priorités d’intervention.
  • Il est utile pour mettre en lumière les inégalités entre les groupes.
  • Il permet de mesurer les changements ou les progrès en termes réels.

Il contribue à cerner le moment idéal des interventions par l’évaluation des conditions.

Exemples de mise en Å“uvre :

Quels groupes, organisations ou gouvernements ont étudié un large éventail d’indicateurs de la santé afin d’élaborer et de modifier régulièrement les populations et les facteurs de risque ciblés par leur stratégie de promotion de la santé ?