Élément clé 8 : Assumer la responsabilité des résultats liés à la santé

L’approche axée sur la santé de la population met l’accent sur les résultats liés à la santé et cherche à déterminer le degré de changement attribuable aux interventions.

Qu’est-ce qu’assumer la responsabilité des résultats liés à la santé ?

Par le passé, la responsabilité portait davantage sur les moyens (ressources utilisées), les méthodes (activités) et les produits. Dans une approche axée sur la santé de la population, on met beaucoup plus l’accent sur les résultats en matière de la santé et sur la nécessité de déterminer le degré de changement réellement attribuable à une intervention.

Les changements qu’on recherche peuvent mettre en cause l’état de la santé, les déterminants des inégalités de la santé, les connaissances, la sensibilisation et les comportements, les conditions sociales, économiques et environnementales, ainsi que l’infrastructure de la santé et les politiques gouvernementales.

Il est tout aussi important de définir et de mesurer les résultats à court et à moyen termes que les résultats à long terme pour garantir la pertinence des activités pour les partenaires dont les programmes sont davantage axés sur le court terme. Les évaluations des résultats à long terme comprennent aussi l’évaluation des processus pour déterminer si une politique ou un programme atteint les buts fixés ou le public cible, et l’évaluation de l’effet pour mesurer les répercussions immédiates des programmes ou des politiques.

La reddition de comptes régulière et opportune des résultats atteints et des évaluations fait partie intégrante de la responsabilisation pour tous les intervenants.

Ressources qui permettent de mieux comprendre :

Qu’est-ce que d’assumer la responsabilité des résultats liés à la santé ?

Questions principales

  • Que doit-on mesurer ?
  • Comment procède-t-on aux mesures ?
  • Comment communique-t-on les résultats ?

A) Que doit-on mesurer ?

La responsabilité exige qu’on mesure régulièrement le rendement par rapport aux principaux engagements au moyen d’évaluations.

Une bonne stratégie de mesure du rendement doit comporter les éléments suivants :

  • Les activités principales du programme (que fera-t-on ?);
  • Les clients ou les populations ciblés (qui profitera du programme ?);
  • Les résultats attendus (quelles seront les réalisations ?);
  • Les indicateurs de rendement (comment peut-on objectivement mesurer les résultats?);
  • Les sources de données (où peut-on recueillir les informations ?);
  • La méthode (comment procéder à l’évaluation et à l’analyse des données et quels en sont les coûts ?).

L’approche axée sur la santé de la population doit comprendre des buts visés sur le plan de la santé, des cibles, des indicateurs de résultat et une collecte de données de référence.

  • L’expression « buts visés sur le plan de la santé » a un sens général et fait référence au cadre de planification qui comprend d’ordinaire une description précise des stratégies à mettre en Å“uvre et des intervenants responsables.
  • Les objectifs sont des énoncés quantifiés du niveau ou de l’ampleur, de l’orientation et du moment du changement souhaité. Ils définissent le succès.
  • Les indicateurs de résultat sont les mesures statistiques qui évaluent le progrès par rapport au changement souhaité.
  • Les mesures de référence représentent les statistiques courantes sur les indicateurs relatifs à la santé.

B) Comment procède-t-on aux mesures ?

Les outils de responsabilité, comme les évaluations de l’effet sur la santé, renforcent la responsabilité accrue quant aux actions et aux investissements dans la santé. Ils y arrivent en établissant des critères qui permettent de déterminer les effets des politiques et des programmes actuels ou proposés.

Les évaluations de l’effet sur la santé ont l’avantage d’offrir un processus cohérent et constant dans tous les secteurs pour examiner les effets sur la santé. Cela peut aider les intervenants qui ne tiendraient pas compte, en temps normal, des effets de leurs décisions sur la santé. Cependant, ce processus a peu de chance d’être efficace s’il n’est pas mis en œuvre par une entité ou un moyen très médiatisés (p. ex. le vérificateur général).

C) Comment communique-t-on les résultats ?

La reddition publique de comptes sur les effets au vaste éventail des intervenants est une pierre angulaire de l’approche axée sur la santé de la population. Elle fait partie de la volonté de faire participer le public et les partenaires. Il peut être nécessaire d’avoir recours à des stratégies de communication créative pour attirer l’attention. En voici des exemples :

  • Des « bulletins » de la santé de la population aux échelles nationale, provinciale, régionale et municipale;
  • Le catalogage et le partage des pratiques exemplaires;
  • La documentation des études de cas qui montrent précisément la manière de mettre en Å“uvre et de poursuivre les initiatives axées sur la santé de la population.

La reddition de comptes peut aussi cibler des groupes précis de la population, surtout ceux qui sont exposés à des facteurs ou à des conditions de risque.

Comment assumer la responsabilité des résultats liés à la santé ?

Les efforts pour rendre compte des résultats peuvent être renforcés si on suit les conseils du Groupe de travail OMS/EURO sur l’évaluation de la promotion de la santé (1999). Dans le rapport « Health Promotion Evaluation: Recommendations to Policymakers », les auteurs établissent les lignes directrices suivantes :

  • Favoriser une approche participative à l’évaluation qui encourage la participation active de ceux qui s’intéressent au projet ou qui pourraient en bénéficier;
  • S’entendre pour réserver une portion des ressources financières au travail d’évaluation;
  • Encourager l’utilisation de plusieurs méthodes d’évaluation afin d’évaluer les données sur les processus et les résultats;
  • Financer la recherche sur les approches et les outils à employer pour les évaluations de la santé de la population;
  • Créer une infrastructure de formation et d’éducation pour développer l’expertise en évaluation de projets sur la santé de la population;
  • Prévoir et soutenir la tenue de tribunes et le réseautage pour favoriser le partage de l’information sur les problèmes et les méthodes d’évaluation de la santé de la population.

8.1 Créer un cadre de responsabilisation axé sur les résultats

Le cadre de responsabilisation axé sur les résultats établit clairement les mesures de rendement au démarrage des programmes. Il comprend :

  • une définition claire des rôles et des responsabilités des partenaires principaux qui participent à la mise en Å“uvre de la politique, du programme ou du projet (p. ex. une structure de gouvernance solide);
  • un modèle d’exécution logique et clair qui fait le lien entre les ressources allouées et les résultats attendus (p. ex. un modèle logique axé sur les résultats);
  • une description de la stratégie de mesure du rendement, y compris l’information sur les coûts et les principaux indicateurs à surveiller;
  • le calendrier d’exécution des principaux travaux d’évaluation;
  • un aperçu des rapports à produire pour garantir la transparence auprès des intervenants qui veulent connaître (et doivent connaître) les progrès (ou le peu de progrès) accomplis dans la mise en Å“uvre du programme.

Les principaux partenaires doivent s’entendre sur le cadre de responsabilisation le plus tôt possible.

8.2 Déterminer les mesures de référence et fixer les objectifs d’amélioration de la santé

La documentation internationale révèle cinq façons de fixer des objectifs :

  • (a) par des comparaisons chronologiques, lorsque les objectifs sont fondés sur l’extrapolation de niveaux futurs pour un indicateur à partir des niveaux passés et présents;
  • (b) par des comparaisons normatives, lorsque les objectifs sont fondés sur le niveau de rendement atteint pour un indicateur donné dans le cadre d’une intervention similaire aux conditions semblables (les normes sont souvent appelées des étalons);
  • (c) par des normes théoriques, lorsque les objectifs sont fondés sur ce que les recherches et la théorie suggèrent comme étant raisonnablement atteignable;
  • (d) par des normes idéales ou absolues, lorsque les objectifs visent l’éradication complète d’un problème;
  • (e) par des normes de compromis, lorsque les objectifs sont fixés par négociation d’un compromis entre les moyens utilisés dans les quatre autres méthodes.

Le choix de la méthode à suivre pour fixer les objectifs dépend de plusieurs facteurs, comme le niveau actuel des connaissances et la disponibilité d’ensembles de données comparables.

Il est difficile d’établir des objectifs, surtout en ce qui a trait aux déterminants de la santé. Toutefois, les bénéfices éventuels valent bien les efforts visant à surmonter ces obstacles, et les données sur les progrès par rapport aux objectifs contribuent beaucoup à l’avancement des politiques, à la planification des programmes, à l’évaluation et à la réallocation des ressources. C’est là l’une des principales raisons pour lesquelles les mesures de référence sont employées, car elles permettent de faire le suivi des progrès au fil du temps.

8.3 Institutionnaliser les systèmes d’évaluation efficace

Cinq éléments doivent toujours être présents pour qu’un système d’évaluation soit efficace :

  1. Il faut suffisamment de temps pour planifier, mettre en œuvre et finaliser toutes les étapes requises de l’évaluation;
  2. Il faut un budget, un personnel, une expertise et l’équipement nécessaires;
  3. Il faut des ententes explicites et claires entre les intervenants quant aux questions clés de l’évaluation et aux normes d’une évaluation satisfaisante;
  4. Il faut des données disponibles et accessibles;
  5. Il faut que les décisions soient prises de manière opportune et efficace.

8.4 Promouvoir l’utilisation d’outils d’évaluation des effets sur la santé

Les évaluations de l’effet sur la santé peuvent fournir des informations complètes et déterminantes.

8.5 Diffuser les résultats publiquement

Une bonne stratégie de reddition de comptes repose sur un éventail de produits d’information. Les rapports complets et détaillés sont utiles pour certains intervenants, tandis que d’autres privilégient les versions plus courtes et moins techniques (y compris les fiches d’information d’une page et les résumés).

On peut utiliser des textes, des tableaux et des graphiques, de même que des supports visuels, pour présenter efficacement les principaux éléments d’information.

Il est préférable d’utiliser des méthodes de communications variées. Par exemple, les présentations et les envois par courrier sensibilisent et suscitent l’intérêt, les séances d’information et les articles spécialisés renforcent la compréhension, et les consultations et les rencontres de suivi favorisent l’application des découvertes.

Ressources qui contribuent à rehausser la capacité :

Quels cadres ou guides peuvent contribuer à une évaluation significative de l’intervention ?

Qu’a-t-on en main à la fin de l’élément clé 8 ?

  1. Un plan d’évaluation complet, y compris un plan de diffusion de l’information.

Comment cet élément clé est-il lié aux autres éléments ?

  • Il mesure l’état de la santé et les déterminants généraux de la santé (éléments clés 1 et 2).
  • Il mène à la mise en Å“uvre de stratégies efficaces pour la communication des connaissances, de même qu’à des politiques inspirées sur les observations de la recherche et les résultats d’évaluation qui influencent les décideurs appropriés et qui rehaussent les données probantes (élément clé 3.6).
  • Il répond aux questions et aux attentes des intervenants de l’alliance et du public (éléments clés 6 et 7).

Pourquoi cet élément clé est-il important ?

  • Il établit la raison d’être des mesures et des politiques précises sur la santé.
  • Il crée un mécanisme de corrections interne pour signaler les changements nécessaires dans l’orientation des politiques.
  • Il peut mobiliser un soutien politique pour des interventions précises et des besoins connexes de ressources.
  • Il a un effet précis sur la planification et les processus d’établissement des objectifs, de même que sur le choix des interventions ou des stratégies employées. Dans les décisions sur les meilleurs investissements des ressources, il donne la priorité aux stratégies qui peuvent produire les meilleurs gains à l’intérieur des limites des ressources.
  • Il permet de mieux comprendre en imposant l’examen de l’éventail complet des raisons pour lesquelles un objectif a été atteint ou non.

Exemples de mise en Å“uvre:

Y a-t-il des exemples d’interventions bien évaluées ?